Lorsqu’une mère et son bébé sont assassinés dans un faubourg de Cité Soleil, un des pires bidonvilles d’Haïti, deux détectives inattendus émergent: Libète, une gamine de dix ans, orpheline, incroyablement déterminée, et Jak, son copain, encore plus misérable qu’elle, mais brillant.
Bien qu’ayant été confrontée à la jungle des rues où les gangs, la police et les forces de l’ONU ont longuement combattu pour tenter d’en gagner le contrôle, Libète est révoltée au-delà de tout par ce double meurtre. Alors que les deux victimes sont vites oubliées par une communauté dont le principal souci est de survivre au quotidien, Libète décide de rechercher la vérité en dépit de mille dangers et plonge la tête la première dans une intrigue dont les acteurs et les éléments menacent non seulement sa vie, mais tout ce qui compte pour elle.
Je savais que l’on découvrirait, dans la liste en croissance exponentielle des ouvrages autopubliés, de bons livres, de très bons livres, de grands livres. Because we are (que l’on peut traduire littéralement par: Parce que nous sommes, sous entendu nous existons, donc nous avons des droits) est un grand livre. Le premier roman d’un jeune juriste américain, Ted Oswald, qui a travaillé en Egypte pour une ONG s’occupant de réfugiés soudanais, puis pour une autre active à Haïti, durant quatre mois. Il vit et travaille aujourd’hui dans les quartiers nord de Philadelphie, en tant qu’avocat de communautés défavorisées.
Ted Oswald a écrit ce livre parce que ce dont il a été témoin à Haïti l’exigeait. « Durant mon séjour là-bas, le pays a été dévasté par un énorme ouragan, il a vu le retour d’un dictateur brutal, de violentes manifestations ont accompagné les élections. Il a connu encore une épidémie de choléra qui a tué des milliers de personnes. Tout ceci quelques mois à peine après le tremblement de terre de Janvier 2010 et son inimaginable coût humain. Je voulais raconter une histoire basée sur toutes ces plaies qui vous brisent le coeur. »
Livre-témoignage social, donc. Mais aussi livre sur l’amitié, la lutte pour la justice face à l’impunité, le sacrifice pour la communauté, la responsabilité personnelle, la foi et le doute à la lumière de la tragédie. Avec, en toile de fond, une pauvreté insondable.
Dans cette aventure, Ted Oswald avance avec passion, porté par un souffle puissant, la main dans la main avec sa petite héroïne, Libète. Ah, cette formidable gamine ! A la fois la Cosette des Misérables dans son statut d’esclave, Mère Courage dans son combat pour les victimes et les plus miséreux qu’elle, et pourquoi pas une Jeanne d’Arc d’Haïti dans sa lutte pour la justice et un avenir meilleur. Libète et son copain Jak m’ont touché au fond du coeur. Mon coeur s’est révolté en suivant leur combat acharné pour la vérité et la justice dans un pays qui ne semble jamais pouvoir s’en sortir. L’espoir, pourtant, n’est pas mort en Haïti. C’est le message que ces deux gamins font passer dans ce livre.
Soucieux de témoigner de la réalité d’un pays oublié du reste du monde, Ted Oswald a voulu que Because we are soit un « non profit book », un livre sans but lucratif. Toutes les redevances touchées par l’auteur vont à une poignée de petites organisations humanitaires oeuvrant à Haïti.
On aimerait bien qu’un éditeur français découvre, traduise et publie ce roman qui aurait largement sa place dans l’aire francophone.
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