Un million et demi de livres sur le Kindle Store d’Amazon… Et moi, et moi, et moi. Enfin, le mien…
Chaque auteur qui autopublie son premier livre l’apprend d’emblée: pour le vendre, il faut que des lecteurs potentiels le trouvent dans cet océan de titres. Donc qu’il soit visible. D’une manière ou d’une autre ou de différentes manières. L’auteur doit donc développer une stratégie à cet égard, et ça prend du temps. Il faut souvent plusieurs mois pour parvenir à comprendre et « sentir » l’environnement et les arcanes particuliers des librairies virtuelles, découvrir les moyens et les astuces permettant à un livre de faire un bout de chemin vers la visibilité, et de se vendre.
Les pionniers de l’autopublication ont fait ce chemin tout seuls, souvent en partageant leurs expériences et en les diffusant généreusement sur leurs blogs ou ailleurs, permettant ainsi aux nouveaux venus de gagner du temps, même si ce travail de « service avant vente » reste fondamentalement chronophage. Mais toute cette littérature sur la promotion est longtemps restée disparate, même si quelques auteurs américains, comme Joe A. Konrath ou John Locke ont tenté de regrouper dans des livres les conseils et techniques qu’ils avaient expérimentés avec succès en la matière.
David Gaughran, un auteur irlandais, apporte avec Devenons visibles une méthodologie détaillée de tout ce que l’on peut expérimenter pour faire avancer son livre dans les différents classements d’Amazon pour générer des ventes. Pourquoi Amazon ? Parce que c’est là que la plupart des auteurs indépendants réalisent plus de 90 % de leurs ventes. L’auteur évoque aussi des stratégies possibles sur Barnes & Noble, Apple et Kobo, où les choses sont toutefois plus compliquées parce que ces librairies virtuelles sont bien moins enclines à servir leurs auteurs qu’Amazon.
Avec précision et rigueur, dans une rédaction très claire, Gaughran nous dit d’emblée que la seule chose qui influence le niveau des ventes, ou les différents classements d’Amazon, ce sont… les ventes. Les commentaires, les « likes », téléchargements gratuits, articles de blogs peuvent avoir accessoirement des effets positifs périphériques, mais n’influencent pas, selon lui, le classement de votre livres dans les ventes d’Amazon.
Let’s get visible décortique la manière dont fonctionnent les nombreux (et changeants) algorithmes de la machine (ou de la cuisine) Amazon, ainsi que son système de recommandations, et comment ils influencent les classements dans les différentes catégories et sous-catégories de la boutique. Gaughran nous dit pourquoi la gratuité (via le KDP Select) peut être, suivant les circonstances ou la manière d’y recourir, une bonne ou une mauvaise idée, évoque les avantages d’une action à prix réduit, présente différentes stratégies de lancement, explore les possibilités offertes par le recourt (délicat) aux annonces publicitaires, et disserte sur le thème (parfois controversé) de l’exclusivité exigée par Amazon pour certains de ses programmes, notamment le KDP Select.
Mais au départ, choisir la bonne catégorie – et la bonne sous-catégorie – pour votre livre est crucial, souligne Gaughran. En jouant là-dessus, on peut trouver le moyen de multiplier les possibilités de visibilité, avec peut-être la chance d’apparaître dans une liste Top 100 quelconque, qui à son tour générera des ventes supplémentaires. Le choix des mots-clés – c’est-à-dire se mettre dans les chaussures de vos lecteurs potentiels – est également très important, bien sûr. Et ça demande parfois de l’imagination.
Aussi clairs et convaincants que soient les conseils et les astuces de David Gaughran, on ne peut s’empêcher de se (re)dire, en parvenant à la fin de son livre, que la promotion est un travail de romain. Mais vu le niveau de la concurrence sur les librairies virtuelles, nous n’avons pas le choix.
Ce qui peut aider: avoir plusieurs livres. Il est prouvé que chaque nouveau titre permet de relancer l’intérêt des lecteurs (et les ventes) des précédents. Donc: Keep writing ! conseille Gaughran. Et rendez-vous au sommet des charts ! Yessss David !
Devenons visibles n’existe pour le moment qu’en anglais. David ayant fait traduire en français sont précédent ouvrage sur le numérique, je lui ai demandé s’il comptait le faire aussi pour Let’s get visible. Il m’a répondu qu’il aimerait bien en proposer des versions en français, en allemand et en espagnol, mais que ce genre de chose prenait du temps, et qu’il ne peut donc rien promettre pour le moment.
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